23 mars 2008
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Aujourd'hui j'aimerais vous parler d'un projet qui me tient à coeur depuis que je suis au lycée : adapter pour la bande dessinée Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde. Voici la première page :
Elle a subi quelques déménagements et comme je vous l'ai dit, une vingtaine d'années - n'y connaissant rien à la technique du neuvième art, j'avais réalisé les dessins à la gouache et à l'encre de Chine. Cette première page retranscrivait le texte suivant : "L’atelier était plein de l’odeur puissante des roses, et quand une légère brise d’été souffla parmi les arbres du jardin, il vint par la porte ouverte, la senteur lourde des lilas et le parfum plus subtil des églantiers.
D’un coin du divan fait de sacs persans sur lequel il était étendu, fumant, selon sa coutume, d’innombrables cigarettes, lord Henry Wotton pouvait tout juste apercevoir le rayonnement des douces fleurs couleur de miel d’un aubour dont les tremblantes branches semblaient à peine pouvoir supporter le poids d’une aussi flamboyante splendeur ; et de temps à autre, les ombres fantastiques des oiseaux fuyants passaient sur les longs rideaux de tussor tendus devant la large fenêtre, produisant une sorte d’effet japonais momentané, le faisant penser à ces peintres de Tokyo à la figure de jade pallide, qui, par le moyen d’un art nécessairement immobile, tentent d’exprimer le sens de la vitesse et du mouvement. Le murmure monotone des abeilles cherchant leur chemin dans les longues herbes non fauchées ou voltigeant autour des poudreuses baies dorées d’un chèvrefeuille isolé, faisait plus oppressant encore ce grand calme. Le sourd grondement de Londres semblait comme la note bourdonnante d’un orgue éloigné."
Si vous connaissez le roman et si vous considérez que l'ellipse temporelle n'est pas mon fort, je pense que la bande dessinée terminée devrait peser une soixantaine de kilos...
Qu'importe, je m'y suis remise ce matin; j'ai perdu beaucoup de croquis que j'avais faits en vue de fixer les traits les personnages, ainsi que des études de mains auxquelles je tenais beaucoup. J'ai dû chercher des modèles de techniques pour me donner le courage de me replonger là-dedans; j'ai songé un instant à m'inspirer d'Achille Devéria, dont j'avais copié un portrait de Liszt il y a une dizaine d'années :
Le trait me semblait trop décidé pour les personnages du roman; je me suis plutôt tournée vers les études de Dante Gabriel Rossetti, avec ce portrait d'Alexa Wilding :
J'en ai tiré cette esquisse de mon Dorian Gray :
Je me suis également inspirée de Lord Alfred Douglas, un jeune homme qui a beaucoup compté dans la vie d'Oscar Wilde :
Je ne crois pas sérieusement que je verrai un jour ce projet arrivé à son terme - mais ça ne m'empêche pas d'y travailler ni d'y rêver...
Elle a subi quelques déménagements et comme je vous l'ai dit, une vingtaine d'années - n'y connaissant rien à la technique du neuvième art, j'avais réalisé les dessins à la gouache et à l'encre de Chine. Cette première page retranscrivait le texte suivant : "L’atelier était plein de l’odeur puissante des roses, et quand une légère brise d’été souffla parmi les arbres du jardin, il vint par la porte ouverte, la senteur lourde des lilas et le parfum plus subtil des églantiers.
D’un coin du divan fait de sacs persans sur lequel il était étendu, fumant, selon sa coutume, d’innombrables cigarettes, lord Henry Wotton pouvait tout juste apercevoir le rayonnement des douces fleurs couleur de miel d’un aubour dont les tremblantes branches semblaient à peine pouvoir supporter le poids d’une aussi flamboyante splendeur ; et de temps à autre, les ombres fantastiques des oiseaux fuyants passaient sur les longs rideaux de tussor tendus devant la large fenêtre, produisant une sorte d’effet japonais momentané, le faisant penser à ces peintres de Tokyo à la figure de jade pallide, qui, par le moyen d’un art nécessairement immobile, tentent d’exprimer le sens de la vitesse et du mouvement. Le murmure monotone des abeilles cherchant leur chemin dans les longues herbes non fauchées ou voltigeant autour des poudreuses baies dorées d’un chèvrefeuille isolé, faisait plus oppressant encore ce grand calme. Le sourd grondement de Londres semblait comme la note bourdonnante d’un orgue éloigné."
Si vous connaissez le roman et si vous considérez que l'ellipse temporelle n'est pas mon fort, je pense que la bande dessinée terminée devrait peser une soixantaine de kilos...
Qu'importe, je m'y suis remise ce matin; j'ai perdu beaucoup de croquis que j'avais faits en vue de fixer les traits les personnages, ainsi que des études de mains auxquelles je tenais beaucoup. J'ai dû chercher des modèles de techniques pour me donner le courage de me replonger là-dedans; j'ai songé un instant à m'inspirer d'Achille Devéria, dont j'avais copié un portrait de Liszt il y a une dizaine d'années :
Le trait me semblait trop décidé pour les personnages du roman; je me suis plutôt tournée vers les études de Dante Gabriel Rossetti, avec ce portrait d'Alexa Wilding :
J'en ai tiré cette esquisse de mon Dorian Gray :
Je me suis également inspirée de Lord Alfred Douglas, un jeune homme qui a beaucoup compté dans la vie d'Oscar Wilde :
Je ne crois pas sérieusement que je verrai un jour ce projet arrivé à son terme - mais ça ne m'empêche pas d'y travailler ni d'y rêver...